C’est l’histoire d’une maison sortie tout droit des contes légendaires…

En ce début de Printemps « Sur les routes d’Emma » vous plonge  dans l’univers des Frères Grimm ou de Lewis Caroll :

C’est en toute spontanéité que je me suis présentée devant la demeure de Fernand BIELLE BIDALOT.

Depuis Sucé-Sur-Erdre (44) me voilà soudainement revenue en enfance à laisser virevolter mon imagination devant cette somptueuse maison entourée d’un jardin des plus majestueux, nichés ici sur les bords de l’Erdre.

Fernand BIELLE BIDALOT me lâche un furtif » bonjour Mademoiselle » et passe son chemin. A 90 ans passés,  Fernand est un charismatique Monsieur à l’accent pyrénéen bien ancré qui ne l’a jamais quitté. Sous ses airs taciturnes au prime abord laissant deviner un caractère bien trempé, je découvre un homme attachant et passionné.

Fernand, originaire de Lourdes qu’il a quittée à 20 ans devient  compagnon du Tour de France spécialisé en charpente. Bien des années plus tard, il s’installe à Sucé-sur-Erdre, fait l’acquisition d’un terrain pentu sur laquelle repose une petite bicoque dont il conservera l’essence en gardant la cave et une petite partie. Il va bâtir par-dessus pierre après pierre, cette maison qui lui ressemble, inspirée de l’architecture typique des Hautes-Pyrénées, son fief.

Amoureux de la nature il va ensuite habiller son univers en créant un jardin où de multiples espèces végétales s’épanouissent. Cette atmosphère est propice à la faune, on y aperçoit des oiseaux ici et là avec l’arrivée du Printemps. J’apprends par un ouvrier qui travaille ici que près de  50 espèces d’oiseaux viennent trouver refuge chez Fernand. Au-delà de la pierre, Fernand est un amoureux des oiseaux, il a donc tout mis en œuvre pour les laisser s’épanouir dans son jardin.

-« Alors Mademoiselle ? Vous trouvez votre bonheur ? me crie t-il d’un coup. « Oh pis enlevez-moi ce foutu masque, vous ne risquez rien on est chez moi ici et en plein air ».

-« Ha eh bien c’est que moi je cherchais surtout à vous préserver, si vous me dites de l’enlever, je l’enlève !!! »

-Hein qu’est-ce que vous dîtes, j’entends rien, je suis sourd ! » me répond-il 

-Ce n’est pas grave, je constate que vous n’avez pas perdu votre accent pyrénéen, oui j’en sais des choses à votre sujet, je me suis beaucoup intéressée à vous.

-« Bon j’vous laisse continuer, y’en a qui tiennent absolument à débaucher à l’heure ici » me rétorque t-il, se tournant légèrement vers une dame qui doit être son assistante.

Je continue ma découverte, j’ai les yeux partout, je m’attache au moindre détail, il y’a tellement à voir, à sentir. Je descends un peu plus bas, un chemin de pierre me guidant jusque sur les abords de l’Erdre. J’ai envie de rester là pour toujours, dans cette insouciance enfantine, loin du tumulte de la crise pandémique.

Je me rapproche de l’entrée en ayant fait le tour du propriétaire, je reviens vers Fernand pour le remercier. Il finit de faire le tour du jardin avec son assistante, il y’a toujours à faire : Tout évolue tout le temps dans ce jardin tant pour l’embellir que pour y ajouter encore des maisons miniatures pyrénéennes dessinées par Fernand et ensuite mise en œuvre par le maçon. Et oui Fernand à son âge maintenant est devenu le penseur concepteur et délègue les réalisations.

-« Mais vous êtres le Gaudi français » lui-dis-je !

-« Le quoi ? ha oui Gaudi, la mairie m’a dit ça aussi, vous savez on a beaucoup de livres et ça rappelle même le Facteur Cheval ici. »

-Et oui, belle histoire en Rhône-Alpes aussi » lui dis-je

-Bon arrêtes de draguer toi , lance t-il à son ouvrier, regardez-moi cette petite chatte qui vient miauler dans mon jardin, oui oui on dirait ma petite chatte qui vient miauler. Bon continuons….. »

-Je vais arrêter de miauler, je vais juste prendre le temps de vous dire au revoir et vous remercier pour votre accueil », répondis-je

Je lui raconte le but de ma visite et il m’écoute attentivement, c’est un très bon moment.

Je sens une certaine fierté palpable et bienveillante chez Fernand qui  me demande de prévenir sa fille quand j’aurais fait mon p’tit reportage ! Encore faut-il qu’il me donne les coordonnées.

« Bon j’ai faim, je vais manger moi maintenant, au revoir Mesdames », exprime t-il, nous laissant son assistante et moi à l’entrée. Je repars sans le contact de sa fille !!

J’apprends que Josiane sa femme est décédée laissant un grand vide derrière elle.

C’est décidé, quand Fernand quittera ce monde à son tour, hors de question de se laisser séduire par les offres alléchantes des promoteurs qui risqueraient de faire disparaître son patrimoine. Cette maison, ce jardin c’est toute sa vie.

Publiquement, il l’annonce, c’est la Mairie qui héritera de ce joyau architectural et arboré surplombant la douceur de l’Erdre. La Mairie s’engage à préserver ce trésor pittoresque.

Fabuleux moment que j’ai grand plaisir à vous faire partager. Je vous laisse découvrir en photos cette merveille, et Fernand me le dit : « Dîtes-le à votre famille, à vos amis, j’ouvrirai mon jardin ! »

Comptez sur moi !

Chers amis lecteurs, je vous dis à très vite « Sur les routes d’Emma »

Laisser un commentaire